Elections 2023 : « Il faut changer la Constitution et passer au régime parlementaire strict » (Muzito)
"Le président de la République a, dans notre pays, la faiblesse de ses ambitions parce qu'il n'a pas le rôle de gestion au quotidien de l'Etat. Il y a un bicéphalisme institutionnel. Cela fait qu'il est le garant de la nation, mais il ne gère pas le pays. C'est le Premier ministre qui gère, alors qu'il n'a pas le mandat du peuple.
Pendant ce temps, celui qui a été élu ne peut pas gérer. C'est pourquoi, je préconise que le régime passe du semi-parlementaire à un régime strictement parlementaire avec un Chef de l'Etat, après avoir été élu sur une liste avec les autres, est choisi au second degré, par un Parlement qui est majoritairement de son obédience pour qu'il gère la République au quotidien. Et s'il a un Premier ministre, qu'il soit tout simplement un coordonnateur", suggère, en ce qui concerne, les réformes politiques, le candidat président de la République Adolphe Muzito, invité du magazine édition spéciale.
"Il sera élu au suffrage universel par le peuple comme député et c'est lui qui va gérer la République comme président ayant des fonctions exécutives", explique-t-il.
À la sauce Sud-Africaine et Angolaise
"C'est le modèle Sud-Africain et Angolais", pointe-t-il, avant de renchérir : "le président Angolais actuellement est gestionnaire de l'Etat. Il est élu par le peuple, à travers une liste parlementaire dont il est d'ailleurs la tête, il est investi au Parlement grâce à sa majorité parlementaire pour exercer les prérogatives du Chef de l'exécutif national. Il est aussi le chef d'une des institutions", relève-t-il.
"Dans la configuration actuelle, je suis dérangé par le fait qu'il y a 2 têtes pour gérer le pays. Il y a, d’une part, le Chef de l'Etat qui ne gère pas alors qu'il est élu pour rendre compte au peuple, et de l’autre, le Chef du gouvernement et ses ministres qui gèrent alors qu'ils n'ont pas été élus par le peuple. Le Chef de l'Etat, par rapport à sa mission de rendre compte au peuple, est tenté, et il le fait, de prendre les prérogatives du gouvernement en créant un gouvernement parallèle", argue-t-il.
Changement de Constitution
D'ailleurs, le candidat numéro 24 à la présidentielle du 20 décembre veut changer "absolument la constitution pour plusieurs raisons d'ailleurs. Je considère que la constitution actuelle ne vient pas du peuple. C'est le fait de la classe politique. Le peuple, on lui pose la question : êtes-vous pour cette Constitution, oui ou non? Il a certes dit oui, mais on ne l'a pas consulté en amont pour qu'il choisisse le maître d'ouvrage", énonce-t-il.
"Au Congo, on a violé la loi fondamentale qui voulait que le constituant, fait du Parlement ( c'est-à-dire les 2 chambres avec le président de la République) soit celui qui élabore la Constitution à travers une structure technique, que ce soit le élus qui l’adoptent comme constituants et qu'ils le présentent au peuple pour sanction. Cette procédure n'a jamais été respectée au Congo", souligne Adolphe Muzito.
Concrètement, "on ira aux élections constituantes, on aura des élus qui vont proposer au peuple de choisir la forme de l'Etat, le régime politique", lance-t-il.
Pour ce faire, "je donnerai au pays, après mon élection, une année ou 2, avant de retourner aux élections pour élire le constituant. L'objectif est de réhabiliter le souverain primaire, qu'il choisisse celui qui lui propose l'édifice national et qu'il soit aussi celui qui le sanctionne à terme", confie Adolphe Muzito.