Médias : la RDC veut encadrer les informations autour du M23
L’annonce est encore visible sur le compte X (anciennement Twitter) de Christian Bosembe, le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC).
L'organe de régulation des médias met en garde tout journaliste ou organe de presse qui diffusera des informations concernant les groupes rebelles sans se référer à une source officielle.
Christian Bosembe affirme qu’il n'y a aucune volonté de museler la presse, mais il admet vouloir contrôler l’information en temps de guerre.
"Souvent, il y en a qui aiment le désordre et qui ne supportent pas l'ordre. Je crois que, dans les circonstances qui sont les nôtres maintenant, nous sommes un pays agressé et la guerre peut passer par les médias pour déformer et désarticuler la société, et nous veillons à ce qu'il n'y ait pas de dérapage de toutes parts", explique M. Bosembe à la Deutsche Welle.
"Nous veillons à ce que les médias soient protégés et que l'information soit convenablement encadrée", conclut-il.
Une mesure qui est loin de faire l’unanimité
Du côté des organisations professionnelles des médias, quatre d’entre elles, dont Journalistes en danger, dénoncent cette nouvelle pression.
Dans une publication datant du 4 avril, celles-ci affirment que c’estun acte contraire aux propres directives du CSAC sur le traitement des informations en temps de guerre.
"L'exercice du journalisme n'est pas incompatible avec le patriotisme" (Gaby Kuba)
Benjamin Kasembe est journaliste de la Deutsche Welle, basé à Goma, au Nord-Kivu.
"Tous les journalistes, y compris les défenseurs des droits humains, ont mal accueilli cette décision du CSAC, surtout pendant cette période durant laquelle la population de notre région attend de nous des informations, vraies et vérifiées, sur la situation sécuritaire, dans toutes les zones touchées par les bombardements du M23," précise notre collègue.
Néanmoins, l’Union de la presse congolaise soutient cette nouvelle directive. C’est ce qu’explique Gaby Kuba, le président de l’UNPC.
"L'exercice du journalisme n'est pas incompatible avec le patriotisme. Voilà pourquoi nous invitons tous les médias congolais à combattre la désinformation, la mésinformation, les fake news, à diaboliser les forces de défense et de sécurité parce que s'ils le font, c'est en faveur de l'ennemi et contre la République. "
Des sanctions en cas de non respect
Christian Bosembe, le président du CSAC, rappelle que les médias qui ne respecteraient pas les recommandations risquent d’être suspendus : "Il y a des sanctions qui vont d'un jour à 90 jours de suspension du programme ou du média. Je ne pense pas que nous en arriverons là parce que les médias et les journalistes congolais sont responsables et nous mettons d'abord en avant les intérêts du pays."
Sur son compte X, le président du CSAC a été cependant plus direct, en affirmant que son institution n'hésitera pas à engager des mesures sévères à l'égard de toute infraction. Dw.com/ via Oyebi