La Russie juge "prématuré" d'organiser un sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine
La Russie a jugé "prématuré" d'organiser un sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine, comme l'avait proposé le président français Emmanuel Macron.
"Il est possible aujourd'hui d'aller vers un sommet, de réunir les parties prenantes", a dit la présidence française, après une série d'échanges en ce sens entre Emmanuel Macron et ses deux homologues. Les déclarations du Kremlin et de la Maison Blanche sont "cohérentes" et "valident" l'idée d'un sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden même si "les conditions ne sont pas encore réunies". "Maintenant, il s'agit pour le président Poutine de faire son choix", a ajouté l'Élysée, en soulignant que "la situation reste "très dangereuse" et les parties sur un "chemin de crête".
Si l'Ukraine est favorable à l'organisation d'un sommet entre la Russie et les États-Unis, le pays voudrait y participer. "Nul ne peut régler nos problèmes sans nous", a déclaré le secrétaire du Conseil de la sécurité nationale et de la défense de l'Ukraine, Oleksiy Danilov, lors d'un point de presse. "Toute initiative devrait impliquer notre participation", a-t-il ajouté.
"Air France réévaluera régulièrement la situation et rappelle que la sécurité et sureté des vols, de ses clients ainsi que de ses équipages est un impératif absolu", a déclaré la compagnie aérienne. Jusqu'à présent, la compagnie assurait deux rotations par semaine entre Paris et Kiev, le mardi et le dimanche.
"Un obus de type non identifié tiré depuis le territoire de l'Ukraine a complètement détruit le point des garde-frontières dans la région de Rostov, à une distance d'environ 150 mètres de la frontière russo-ukrainienne", ont indiqué les services de sécurité russes (FSB). Les forces armées ukrainiennes démentent. Aucune victime n'est à déplorer.
L'Union européenne doit imposer dès maintenant des sanctions contre la Russie pour empêcher la guerre, a déclaré Dmitro Kuleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, à son arrivée à Bruxelles où il rencontre les chefs de la diplomatie des pays membres. La Russie nie de son côté toute intention belliqueuse et exige des garanties sécuritaires.
"Il y a une entente sur le fait de devoir continuer le dialogue au niveau des ministres" des Affaires étrangères, a nuancé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mais aucun projet concret de rencontre entre les présidents russe et américain.
Le pays espère un accord sur un retrait des troupes russes, a ajouté Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne. De son côté, Paris a souligné que le sommet offrait un "espoir diplomatique".
"Les Ukrainiens restent très prudents vis-à-vis des déclarations du président Poutine", rapporte notre envoyé spécial à Kiev Julien Chehida. À Kiev, la population est fatiguée de vivre sous la menace d'une guerre avec la Russie. Malgré l'annonce d'un sommet entre Washington et Moscou, certains se préparent à combattre.
Pour les Ukrainiens russophones comme pour les habitants des Républiques séparatistes, la situation est complexe, rappelle notre spécialiste Gauthier Rybinski. Et si le Kremlin a tout intérêt à "magnifier les évacuations" vers la Russie, les populations de l'est fuient également vers l'Ukraine.
Ces réfugiés fuient la ligne de front où les tensions ont repris ou redoutent une attaque de l'Ukraine, explique notre correspondante en Russie Élena Volochine, qui rappelle que Vladimir Poutine n'a pas encore accepté officiellement de participer au sommet avec Washington.
Washington dispose "d'informations crédibles indiquant que les forces russes établissent des listes d'Ukrainiens à tuer ou à envoyer dans des camps en cas d'occupation militaire" de l'Ukraine, affirme une lettre officielle adressée à Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU et signée par Bathsheba Nell Crocker, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU à Genève.
Les séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine ont déclaré lundi que deux civils avaient été tués dans un bombardement des forces ukrainiennes, rapporte l'agence de presse russe RIA. Selon des représentants de la république autoproclamée de Louhansk, cités par RIA, le bombardement s'est déroulé tard dimanche soir.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé, dimanche à la chaîne de télévision allemande ARD, certaines des sanctions qui seraient imposées à Moscou en cas d'invasion de l'Ukraine : la Russie perdrait notamment l'accès aux marchés financiers internationaux et se verrait refuser l'accès à certains produits d'exportation.
La porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, qui a confirmé que Joe Biden a accepté la rencontre entre Moscou et Washington, a mis en garde : "Nous sommes également prêts à infliger des conséquences rapides et sévères si la Russie choisit la guerre à la place" du sommet.
"Actuellement, la Russie semble poursuivre ses préparatifs pour une attaque à grande échelle de l'Ukraine très bientôt", a ajouté Jen Psaki.
Des images satellitaires, prises dimanche, montrent "de multiples nouveaux déploiements sur le terrain d'équipements blindés et de troupes" partant de sites militaires existants dans des forêts et des champs situés à environ 14 à 30 km de la frontière entre la Russie et l'Ukraine, a indiqué la société américaine d'imagerie Maxar dans un email.
"Aujourd'hui, la plupart des unités de combat et des équipements de soutien à Soloti ont quitté les lieux et on peut voir de nombreuses traces de véhicules et quelques convois d'équipements blindés dans toute la zone", a expliqué Maxar. "Certains équipements ont également été déployés à l'est de la ville voisine de Valuyki, en Russie, dans un champ situé à environ 15 km au nord de la frontière ukrainienne."
Les présidents russe Vladimir Poutine et américain Joe Biden ont "accepté le principe" de se rencontrer lors d'un sommet, proposé par leur homologue français Emmanuel Macron et qui "ne pourra se tenir que si la Russie n'envahit pas l'Ukraine", a annoncé l'Élysée dans la nuit de dimanche à lundi. Le contenu du sommet sera préparé par le secrétaire d'État américain Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov lors de leur rencontre prévue jeudi prochain.
Les pourparlers seront ensuite élargis à "toutes les parties prenantes" et porteront sur "la sécurité et la stabilité stratégique en Europe", a précisé la présidence française.
Gisèle Mbuyi MMC Avec AFP et Reuters
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